25.4.10

Ici ou la bas

Notre voyage tire à sa fin et nous a amené à traverser plusieurs pays, à des stades de développements différents, diverses cultures, le tout sur plusieurs continents. C’est donc sur un panel assez varié que se base ce qui suit.

Apres avoir parcouru des villes, des villages, des campagnes, des endroits riches, très touristiques et d’autres beaucoup moins, il en ressort que partout –ou presque partout-, que le paysage soit superbe, sublime ou quelconque, nous avons tous les deux été principalement interpellés par deux choses :

Tout d’abord par l’omniprésence d’ordures et de décharges sauvages. Partout, dans les rues, dans la nature, absolument partout le sol est jonche de détritus sans aucun égard pour l’environnement.

Les endroits très touristiques sont bien souvent dégradés par la masse de touristes qui s’y déverse (nous avons par nous même constatés des comportements révoltants), c’est indéniable. Des villages beaucoup moins, ou pas du tout touristiques, sont tout aussi sales, mais la uniquement du fait de leurs propres habitants. Un flux touristique ne fait donc qu’y aggraver le problème.

Que ce soit en territoire Français, dans les îles du Pacifique ou dans les villages asiatiques, il parait la bas normal de jeter ses détritus à proximité de sa maison, ou de l’autre cote du chemin. La dégradation du paysage qui en résulte ne semble pas soucier ces habitants. Mais plus encore, ces mêmes habitants ne semblent pas non plus incommodés par la présence de ces déchets devant leurs portes, dans leurs jardins, ou leurs cours d’eau.

Pourtant, nous avons pu remarquer que certains sites touristiques sont nettoyés avant l’arrivée du public : c’est donc que l’importance de la propreté a été saisie. On maintien donc un semblant de propreté la ou le touriste met les pieds mais des que l’on sort de ces endroits, il n’est plus fait preuve de la même considération. Les projets dit d’Eco tourisme qui éclosent ça et la en Asie sont confrontes a ce problème d’isolement : faire des efforts sur son site est un bon début, mais les voyageurs sont d’autant plus frappés par le contraste avec les alentours.

Pour chaque endroit visité il y le revers de la médaille : décharge typique de chaque village asiatique.

Port dont le sable a disparu sous les amoncellements de plastiques

Les seules exceptions à ce triste constat sont les USA, la Nouvelle Zélande et l’Australie. Nous ne prétendons pas que ces pays sont immaculés mais le constat y est beaucoup plus positif qu’ailleurs: est ce par l’ancienneté du problème et donc par l’existence de moyens pour y faire face ? Ou par l’affichage de panneaux explicites et l’application d’une loi qui punit de 500$ d’amende quiconque jettera ses déchets en dehors des lieux appropriés ?

Bien sur, il n’y pas besoin d’aller aussi loin pour assister a cette dégradation de l’environnement : il suffit bien souvent de ne faire que quelques kilomètres autour de chez soi pour hélas assister au même spectacle. Mais je dirais que nous allons –j’entends par « nous » les pays cités en exception plus haut, et les nombreux autres pays ou la question de la gestion des déchets est prise en compte-, dans la bonne direction : les mentalités évoluent, lentement, mais elles évoluent.

Il faut bien avouer que nous sommes envahis par les emballages plastiques de toutes sortes et de toute taille, et ce depuis longtemps. Pour prendre un exemple tout bête : un simple paquet de gâteaux est sous plastique, avec un tiroir en plastique dedans et des emballages internes pour grouper les biscuits !! Quelle hérésie !! Nous sommes en train d’apprendre comment faire face et comment s’organiser pour canaliser cet important flux de déchets et l’amener à être recyclé. Cette adaptation dure depuis des années déjà, avec force entreprises, commissions, cabinets d’experts, audits, plan de ceci et de cela. C’est donc quelque chose de complexe à mettre sur pied, cela prend du temps mais je pense que l’on va réellement dans le bon sens. Hélas, cette « expérience » n’est pas encore partagée par tous et les moyens mis en œuvre pour y parvenir font parfois défaut.

Dans certains villages reculés, l’apparition des déchets non dégradables naturellement (plastiques et aluminium principalement) est encore récente, et il n’y est encore prêté aucune attention. Alors que c’est la que le problème serait le plus facile a régler car il serait prit « à la racine ». Devant l’indifférence générale et l’augmentation vertigineuse de ces déchets, qu’en sera-t-il demain ? Quelle solution proposer a ces populations ? La collecte et le recyclage sont bien trop complexes et coûteux à mettre en place. L’incinération de ces matières n’est pas recommandée afin de préserver l’atmosphère. L’enfouissement n’est pas non plus très recommandé au vue de la proximité des alimentations en eau….. Vaste question.

Le problème est, je le suppose, insolvable et n’est surtout pas la priorité de pays ou les infrastructures routières sont médiocres, ou l’eau potable et l’électricité ne sont pas disponibles partout, et le système éducatif assez démuni. Je comprends cela tout a fait.

Mais qu’en est il de nos concitoyens d’outre mer ? Ils sont très certainement en train de se tirer une balle dans le pied en souillant les magnifiques paysages qui font pourtant l’attrait de leurs îles. Le fossé va en se creusant entre les attentes des voyageurs et la réalité visible sur place. Les gens n’accepteront plus forcement longtemps d’enjamber un tas d’ordures pour accéder à une plage, si paradisiaque soit elle.


L’éducation et la sensibilisation des jeunes générations sont certainement la clef de ce problème. Pour cela il faut une volonté politique, un système éducatif ayant du répondant et des moyens. Qu’en sera-t-il des pays ou les priorités sont ailleurs ? L’avenir (pas forcement radieux) nous le dira.

Nous avons conscience que les populations ont d’autres priorités que l’embellissement ou la préservation du cadre naturel qui est le leur mais nous sommes heureux d’avoir pu contempler certains paysages qui seront très certainement beaucoup plus dégradés d’ici quelques années.

Notre petit tour d’horizon n’est que parcellaire, et on a du mal à imaginer l’étendue des dégâts si on y ajoute les continents Africain, Sud Américain, Indien et Chinois. Un désastre, on suppose.

La deuxième chose qui nous a plus étonné que navré, c’est l’omniprésence du téléphone portable. Au fin fond de la jungle au Vanuatu, après des heures de route en ne croisant que des villages coupés du monde, il est tout a fait possible de croiser un chasseur, en haillons avec un couteau de brousse, mais en train d’appeler on ne sait qui !! Scène tout a fait incongrue a laquelle nous avons pu assister. La grosse majorité des villages la bas ne sont pas reliés au réseau électrique et ceux qui ont le privilège de l’être ne sont alimentés que quelques rares heures dans la soirée. Par contre les antennes pour téléphone émettent nuit et jour.

Nous nous sommes fait la même réflexion dans un petit village du Laos, accessible uniquement par bateau, avec 2 heures d’électricité par jour : conditions de vie rudimentaires mais les téléphones sont la bas aussi omniprésents. Dans chaque village traversé, il y a une alimentation générale, une échoppe qui sert de garage aux 2 roues circulant la bas en grand nombre et au moins un étal de téléphone portable.

Il y a donc des moyens énormes qui sont mis en avant (par qui ?) pour rendre les populations dépendantes du téléphone portable, au dépend bien sur d’autres besoins qui pourrait être plus urgent.

Tout ceci n’est qu’un constat, pas une révélation, juste deux observations récurrentes lors de notre périple.

On aurait tout aussi bien pu vous parler du comportement abusif de certains touristes, du même comportement abusif de certains soi disant professionnels du tourisme, du manque de professionnalisme de certains acteurs de la scène touristique, de notre impression d’être des vaches a lait, de notre sentiment sur les guides papiers, de notre opinion pour sortir des sentiers battus, bref, de tout ce qui fait le quotidien du voyageur.

Le clavier Qwerty ne facilite pas une rédaction fluide et exempte de fautes d’orthographes.

3 commentaires:

Francois a dit…

Triste constat.

Nous avons d'ailleurs pu observer la même chose lors de notre petit séjour à Bali : déchets omniprésents, dans les rivières, au pas de la porte, le long de la route, sur le stade de foot en face de l'école...

Je me suis aussi posé la question de l'influence des pluies, parfois torrentielles, qui doivent avoir tendance à:
- emmener les déchets plus loin, hors de vue
- regrouper les déchets aux mêmes endroits (les bords des cours d'eau notamment)

J'ai aussi vu un panneau accroché sur une maison qui disait en substance "Bali souffre d'un grave problème lié à l'utilisation du plastique ; s'il vous plait réutilisez votre bouteille" avec une offre de remplissage à 3000 ou 4000 Roupies... soit le prix d'une bouteille neuve. Inutile de dire que je doute que le touriste lambda y trouve son intérêt.

Clavier Qwerty peut-être mais avec accents s'il vous plait. Grande classe ;-)

Bon retour.

Bob a dit…

"Le fossé va en se creusant entre les attentes des voyageurs et la réalité visible sur place."

Le problème n'est pas tant la pollution visuelle (et d'ailleurs je pense que beaucoup se contre-foutent des attentes des touristes, sauf à vivre d'une activité qui comble ces attentes), que les problèmes sanitaires engendrés.

Cela nous avait également frappé en Bolivie et au Pérou : ces pays sont gagnés par notre mode de consommation, véhiculé par les entreprises et les commerçants, mais pas par notre gestion des déchets, coordonnée par les élus. Le commerce va plus vite que le politique...

Donc ils se retrouvent donc avec des tonnes de produits sur-emballés (et souvent inutiles voire malsains), dont ils font brûler les restes devant leur maisons, où les enfants jouent, où les personnes âgées paressent, etc.

Concernant le téléphone portable, c'est somme toute assez logique : tirer un câble électrique à travers la jungle pour alimenter un village est un gros chantier, alors qu'arroser ce même village avec les ondes d'un réseau sans fil initiées à plusieurs kilomètres de là est beaucoup plus simple et rapide.

Marie Denel a dit…

ah ! Boris m'a pris de vitesse !
Très intéressant ce billet, on a partagé ces impressions pendant notre voyage en A. Latine. En effet, je pense que le problème vient surtout de l'arrivée massive et subite de produits transformés et sur-emballés dans ces pays (souvent, le problème des déchets est accompagné du problème de l'obésité, par manque d'information). Derrière tout ça, on a bien sûr des entreprises occidentales, qui ne se sont pas posé toutes ces questions (il faudrait d'ailleurs responsabiliser un peu les industriels et les contraindre à gérer les déchets dont ils sont à l'origine : c'est peut être coca cola qui devrait assurer la récupération et le tri de ses bouteilles, et non pas les "collectivités publiques" de ces pays, qui n'existent d'ailleurs pas toujours)
Je pense que malgré la pollution atmosphérique la solution est bien de brûler les déchets. Il vaut mieux émettre du C02 que du méthane (décomposition des déchets) ou polluer des cours d'eau.
Il faut aussi faire attention à ne pas juger le comportement de ces gens qui accumulent leurs déchets devant chez eux : si le ramassage et le tri des poubelles n'était pas assuré dans nos pays développés le résultat serait le même chez nous :)

en effet, vaste débat!